STRATEGIES DE LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES (CHAP I)

Du 28 au 30 janvier 2009 s’est tenu à Libreville, un séminaire sur les violences faites aux femmes dans les locaux du Foyer de charité. En partenariat avec le Fonds Canadien d’Initiatives Locales, la Congrégation du Saint Esprit a organisé cette activité au profit d’une trentaine de participants venus des différentes régions du Gabon qui se sont penchées sur cette question à l’actualité brûlante.

Parmi les congressistes se trouvaient des laïcs, des prêtres, des femmes responsables d’association des femmes catholiques et protestantes, des communicatrices et de représentants d’ONG qui interviennent dans les questions qui touchent au VIH et SIDA.  De part leurs activités, ces personnes sont en lien direct avec cette forme d’injustice ayant établit son lit dans notre société et qui semble s’en accoutumer voire la légitimer. Ceci se ressent à tous les niveaux de la stratification sociale.

Le Séminaire visait quatre objectifs à savoir la prise de conscience du phénomène de la violence faite aux femmes à l’ère du VIH et SIDA, la dénonciation de celle-ci comme vecteur de mal-développement, son éradication comme moyen de lutte contre la pauvreté et le renforcement des capacités des participants dans les stratégies à mettre en place pour combattre ce fléau.  Ceux-ci, à divers niveaux, sont appelés à devenir des partenaires stratégiques dans la perspective de la prise en charge de la femme par elle-même.

Les Séminaristes ont bénéficié d’une dizaine de communications données par des personnes à l’expertise avérée dans les domaines juridique, psychologique, théologique, sociologique, anthropologique, éthique et canonique. Voici le panorama desdites communications:

– La violence faite aux femmes: de quoi s’agit-il? les aspects juridiques ; La violence sexuelle comme arme de guerre: attitudes de l’Eglise ; Etat des lieux en matière de violence faite aux femmes au Gabon ; Réflexion sur la problématique Genre (différences sexo-spécifiques) ; Les facteurs de la vulnérabilité de la femme face au  Vih/Sida ; Violences faites aux femmes: regard d’un psychologue ; Aspects psychologiques de la violence faite aux femmes et impacts à l’ère du Vih/Sida ; La sexualité humaine ; Violence faites aux femmes: obstacles au développement communautaire et à la paix.

Le 25 novembre se déroule chaque année la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, initiée au début des années 80 en Amérique latine, adoptée par les Nations Unies en 1999 et relayée au Gabon par le Ministère de la Famille.

La violence, entendue comme un acte violent exercé sur une personne a des causes et des conséquences multiples. Si les causes du phénomène sont culturelle (croyances, pratiques, etc.), économique, politique, conjoncturelle, structurelle (Etat), juridique (textes et pratiques discriminatoires à l’endroit de la femme) voire judiciaire, les conséquences, quant à elles, sont essentiellement physiques et psychologiques et à l’ère de la pandémie du Sida le tableau est peu reluisant.

Parce que ayant été témoin oculaire ou auriculaire de la violence à l’endroit de la femme dans leur quotidien, les uns et les autres ont émis des jugements et avis suffisamment éclairés en vue d’une action conséquente. Il est désormais question de créer une dynamique nouvelle en s’appuyant sur les femmes, sans exclure évidemment les hommes, qui sont à la fois une partie du problème et une partie de la solution.  Ce travail doit se faire en réseautage avec l’apport des compétences diverses pour aider les femmes à développer leurs potentialités.

 Ces différents thèmes ont fait objet de discussions entre formateurs et participants 

La diversité des violences infligées aux femmes 

L’agression sexuelle est définie comme « une atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise ». Le viol : « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ».

Divers intervenants sont revenus sur la question du mariage.  Il en ressort qu’il faut urgemment rétablir l’égalité entre femmes et hommes quant à l’âge du mariage.  De part sa définition, le mariage requiert le consentement mutuel des conjoints. Cela n’est pas toujours le cas dans les sociétés fortement traditionnelles où les filles sont encore de nos jours données en mariage sans leur consentement.

En effet, dans certaines familles, le père ou les oncles peuvent décider de donner une fille à un homme qu’elle ne connaît parfois même pas et cela moyennant une dot qui varie selon les régions. Par endroit, cette dot peut être évaluée en argent et dans d’autres en apports en nature.  L’épouse ainsi échangée devient un objet, un bien pour la famille qui la conquiert.

Des filles se trouvent ainsi mariées de force à des hommes pouvant souvent être leur père ou même grand-père, tant la différence d’âge est énorme. Elles sont ainsi utilisées à titre économique puisque permettant à leur familles de tirer parfois bénéfice. Les filles qui refusent ce mariage sont considérées comme désobéissantes à leurs parents et bannies de la famille. Aucun membre de la famille ne doit désormais ni les accueillir, ni leur adresser la parole ; ce qui entraîne souvent des errances dans la rue, la prostitution, la délinquance, cause aussi de propagation des maladies sexuellement transmissibles (MST) et du SIDA.

Autre cas de mariage forcé dans nos sociétés est le lévirat qui est le fait pour une veuve de se remarier au frère de son défunt mari, car elle demeure un bien familial et doit rester dans la famille. Le lévirat a aussi pour conséquence de propager les MST et le SIDA car le mari défunt peut avoir contaminé la femme avant de mourir. Les parents qui pratiquent le mariage forcé ne réalisent pas les conséquences combien déplorables pour leurs filles. En effet dans ce mariage il n’y a point d’amour, donc pas d’entente ni de compréhension ; ce qui annonce les violences répétées sur les femmes ou la soumission de celles-ci pour éviter d’être battues ou bannies.

En effet, si le mariage forcé concerne effectivement des jeunes femmes de familles venant majoritairement mais pas exclusivement de l’Afrique de l’Ouest, il concerne aussi parfois des jeunes gabonaises de milieux assez pauvres pour lesquelles se marier très jeune ou accepter les avances d’un homme âgé et riche est une manière d’acquérir une certaine autonomie sociale voire financière. Ce n’est pas forcément une bonne chose de se marier si jeune dans de telles conditions lorsqu’on n’a pas construit sa vie.  Les jeunes filles seront un peu plus matures pour décider de la suite de leur vie ; elles ne seront pas tentées de se précipiter dans le mariage juste pour avoir de l’autonomie, ce qui, parfois, est une impasse et se termine en tragédie car elles obèrent ainsi un futur qui aurait pu être plus positif.

la violence conjugale

 Elle peut prendre différentes forme :

–          verbale : insultes, chantages, menaces

psychologique : comportement ou propos méprisants, critique systématique des opinions ou actions de la femme

–          physique : coups et sévices corporels ; sexuelle : sexualité forcée ; économique : privation des moyens ou de biens essentiels, contrôle systématique des dépenses

Quelle que soit sa forme, la violence conjugale c’est l’utilisation abusive d’un rapport de force, une atteinte volontaire à l’intégrité de l’autre.  La violence conjugale est condamnée et sanctionnée par la loi.

La violence conjugale est négligée car considérée comme naturelle ou tout du moins relevant de la  » maisonnée  » où la tutelle du mari est reconnue par le code de la famille au Gabon.  Elle  est aujourd’hui reconnue comme réalité et combattue. La loi la condamne et la sanctionne.

Beaucoup de femmes meurent chaque année de violences subies au sein du couple, Mais n’y aurait-il qu’une femme tuée dans ces conditions, ce serait déjà trop.

Heureusement, notre société, lentement mais sûrement, prend conscience que la violence au sein du couple ne relève pas de la sphère privée et que lorsqu’un homme bat une femme, cela ne regarde pas que lui. Non, la femme victime de violences n’est pas responsable ! Il faut le répéter inlassablement afin que les femmes osent rompre le silence et la barrière de la honte qui, malheureusement, les empêchent trop souvent de déposer plainte.

Si la répression est donc nécessaire, elle ne peut cependant pas tout résoudre. Madame Honorine  NZE  BITEGHET, magistrat,  souhaite que dans chaque approche de cette vaste thématique un volet soit consacré à la formation, à l’éducation et à la prévention passant aussi par le refus de toute publicité à caractère sexiste. La peur de la répression n’a en effet jamais arrêté les auteurs de violences. Elle peut au mieux diminuer celles-ci, mais elle ne les arrêtera pas. Le problème de l’éducation est donc fondamental.

Il faut éduquer les enfants dès le plus jeune âge en les prévenant contre les représentations stéréotypées des rôles des femmes et des hommes, en combattant ce que l’on pourrait appeler la culture hyper viriliste en vigueur dans notre environnement socio-culturel, en convainquant que l’on peut être un homme sans utiliser ses poings, notamment sur sa femme et sur ses enfants.  Bref, il faut généraliser l’éducation à la non-violence.

Elle dénonce également le fait que  les moyens financiers ne soient pas dégagés pour permettre aux femmes d’échapper aux violences. Il en va ainsi de la réalisation de structures d’accueil ou d’accompagnement spécifiques. 

Des dispositifs rapides à mettre en œuvre seraient pourtant nécessaires aux femmes victimes de violences afin qu’elles osent franchir le pas du dépôt de plainte, de la rupture avec le mari ou le concubin  violent, en ayant l’assurance de pouvoir reconstruire leur vie. Pour quitter l’homme qu’une femme a aimé et que, parfois, elle aime encore malgré les violences, il faut qu’un environnement favorable existe.

Aussi est-il également nécessaire de donner des moyens aux associations qui aident ces femmes en menant une action de prévention et de formation.  Pour Madame Honorine NZE  BITEGHET, la question des violences aux femmes méritait une loi cadre.  Pour le psychologue, Il faut prendre en compte tout ce qui fait violence à la femme, et pas seulement la violence physique, mais aussi la violence psychologique qui provoque d’autres conséquences désastreuses pour les femmes.

Jean  KAZADI  KATUMBAY

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4 Réponses

  1. il n’y a pas meilleure moyen de sensibilisation que le partage d’expériences sur le concept de violences.

  2. Pere Kazadi,
    Cette question de violence faite aux femme est cruciale et merite de serieuses reflexions comme la votre, des reflexions qui doivent etre soumises aux legislateurs afin de prendre des mesures necessaires ou de faire voter des lois qui protegent vraiment les femmes. Dans mon pays , la dot est carrement percue comme le prix de vente de la femme aussi bien chez les parents que chez le mari .Vous imaginez deja ce a quoi une femme vendue ou achetee peut servir. Halte a toutes les formes de violence a l’egard des femmes.
    Merci et du courage pour cette noble mission

    • Merci pour votre message. Comment pouvons nous contribuer pour changer ces données sociologiques. Je voudrais bien avoir l’opinion des femmes de chez vous.
      Jean KAZADI

  3. Pere Kazadi,
    Cette question de violence faite aux femme est criciale et merite de serieuses reflexions comme la votre, des reflexions qui doivent etre soumises aux legislateurs afin de prendre des mesures necessaires ou de faire voter des lois qui protegent vraiment les femmes. Dans mon pays , la dot est carrement percue comme le prix de vente de la femme aussi bien chez les parent que chez le mari .Vous imaginez deja ce qu’une vendue ou achetee peut servir. Halte a toutes les formes de violence a l’egard des femmes.
    Merci et du courage pour cette noble mission

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